Rest in Peace : les morts ont la vie dure

Deux familles, égales en avidité,

Dans nos belles demeures où nous plaçons la scène,

Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles,

Que la mort ne fait que décupler…

La crise sanitaire du coronavirus a ébranlé le monde du jeu. Annulation des festivals, fermeture des cafés ludiques, confinement et non-maintien de l’activité de nombreuses boutiques spécialisées en tant que commerces « non-essentiels » : même si les ventes de jeux ont bondi en 2020 de près de 11%, le secteur n’a pas été épargné et les plus petits acteurs ont notamment subi de plein fouet les conséquences des restrictions liées à la COVID-19. Développer un jeu, le mettre sur le marché, lui assurer une visibilité, aura rarement été aussi difficile et risqué. Face à la situation, pourtant, les créateurs et éditeurs s’organisent pour maintenir l’activité ludique. Tous essaient de faire preuve de souplesse et de s’adapter, notamment en exploitant de nouveaux outils ou en utilisant davantage ceux qui existaient précédemment. Le site Tabletop Simulator qui permet de reproduire des jeux en version numérique a rassemblé de nombreux joueurs mais aussi des éditeurs et auteurs qui s’en sont servis comme support de développement. C’est ainsi qu’est né Rest in Peace, le prochain jeu édité par Blue Cocker et prévu fin mars prochain, après des centaines de parties effectuées en quelques mois sur la plateforme. L’éditeur a aussi travaillé différemment sa communication : les réseaux sociaux ont constitué une vitrine pour le jeu puisque le chien bleu et son équipe y ont raconté l’histoire de ces deux familles rivales de fantômes qui continuent à s’affronter, même par-delà la mort, pour s’emparer des demeures les plus prestigieuses. La plateforme de jeu en ligne Board Game Arena permettra aussi bientôt à ceux qui le souhaitent de tester le premier jeu de Fabien Gridel, avant même sa sortie en boutique. A défaut de pouvoir nous rencontrer physiquement lors d’un festival, Blue Cocker nous rappelle ainsi qu’on peut inventer de nouvelles formes de sociabilité pour garder ce qui fait l’essence même du jeu, le plaisir de partager. Pour cela, dans Rest in Peace, il nous donne rendez-vous dans un cimetière…   

2 joueurs – Environ 15 minutes – A partir de 8 ans – Prix de vente conseillé 15 euros

Le prototype du jeu m’a été envoyé par Blue Cocker. Merci à Alain et à Fabien pour leur confiance, pour les échanges passionnants autour de la création du jeu et pour les nombreuses parties en ligne.

Apparition !

Une bien belle mise en bière

Si les ambitions des deux familles de revenants sont grandes, elles tiennent dans une petite boîte, parfaitement proportionnée au regard de son contenu. Celle-ci affiche clairement son thème : on comprend immédiatement que personne ne reposera en paix puisqu’à la suite d’une typographie blanche bien droite, évoquant une gravure de pierre tombale, choisie pour les deux premiers mots du titre, le mot « peace » apparaît en gros dans une police rouge sang au tracé furieux. L’image centrale montre une demeure presqu’insignifiante, simple jouet du combat posthume. Les profils des deux cheffes de famille occupent la majeure partie de l’illustration et la colonne vertébrale de l’une d’entre elle vient se placer au centre comme pour soutenir toute la scène représentée. Le dos de la boîte indique que nous allons nous livrer à un « duel d’esprits », titre d’ailleurs envisagé dans un premier temps pour Rest in Peace, et tout clame cette idée dans la direction artistique et dans la conception du contenant lui-même, à commencer par ce fond bleu mêlé de vert en référence aux couleurs des deux familles. Les tranches de la boîte nous font découvrir deux personnages adverses, le fiancé bleu et la fiancée verte, inquiétant l’un par son regard luminescent, l’autre par son corps squelettique. Au-delà des illustrations d’Anne Heidsieck très réussies, on apprécie particulièrement les petits détails qui contribuent à nous immerger dans la thématique proposée : les indications techniques du nombre de joueurs, de l’âge minimum et du temps de partie reçoivent toutes un petit pictogramme collant parfaitement à l’histoire ; les tranches intérieures présentent l’auteur, l’illustratrice et l’éditeur et ils apparaissent dans des cadres dorés, de manière légèrement grisée comme s’ils avaient eux-mêmes rejoint le rang des fantômes ; d’ailleurs, la dernière tranche intérieure revient sur une vraie histoire de fantôme, assez touchante… J’ai adoré lire l’histoire de Bobby qui permet d’accentuer la thématisation tout en affirmant l’identité de la maison d’édition.

Creusons un peu. Ouvrons mieux cette boîte… ou plutôt, ce cercueil ! Un rabat cartonné protège encore le contenu de vos yeux indiscrets : celui-ci reproduit l’illustration de couverture mais cette fois-ci sur un fond bois pouvant évoquer le plancher des manoirs mais aussi et surtout les planches d’une bière. Cette variation autour d’un même motif est esthétique mais le rabat a également une fonction pratique puisqu’il est conçu pour maintenir les différents éléments en place à l’intérieur. Le système est simple mais remplace astucieusement un thermoformage. Soulevez donc le « couvercle » pour vous emparer du matériel mais sachez que vous n’êtes pas au bout de vos surprises… Il faudra mettre la main à la boîte, relever vos manches et continuer à approfondir si vous voulez percer tous les secrets de fabrication de Rest in Peace mais le jeu en vaut la chandelle !

Enfin, on découvre le matériel du jeu, bien au chaud dans ses compartiments décorés d’un fond à motif violet évoquant le papier peint des demeures tant convoitées. J’ai testé le jeu à partir d’un prototype, c’est pourquoi je ne jugerai pas la qualité des différents composants qui devaient encore évoluer. Le jeu propose 21 cartes Fantômes de chaque famille, et 30 cartes mediums, toutes de petit format 44x68mm : la taille est largement suffisante pour les informations qui y figurent et elle permet de limiter la place nécessaire pour jouer. Des jetons cartonnés et illustrés complètent le matériel de jeu. Celui-ci est accompagné de deux grandes cartes d’aide rappelant toute l’iconographie présente sur les cartes médiums. Les symboles sont nombreux et le format de l’aide est donc bien pensé pour tout indiquer. Enfin, la boîte contient encore deux livrets de règle, l’un en anglais, l’autre en français, efficaces et complets. On trouve notamment une double page d’exemples avec schéma et, à la fin de la règle, un récapitulatif de tour de jeu. Le livret prend aussi le temps – pendant presque la moitié des pages – de détailler les effets des cartes médiums que l’on pourrait déduire de l’iconographie présente sur les cartes aides mais ces précisions nous assurent une parfaite compréhension des actions. Pour terminer, même si c’est accessoire, j’ai aimé retrouver dans la règle quelques illustrations présentes sur le matériel mais en petit format : le léger grossissement opéré dans le livret m’a permis d’en profiter davantage !

Retour à la terre

« Tu es poussière, et tu redeviendras poussière ». Bon, nos fantômes n’ont visiblement pas l’intention de rester à l’état de cendres. Néanmoins, Alain Balaÿ, l’éditeur de Blue Cocker, souhaite les vouer un jour à la disparition totale. L’industrie du jeu de société consomme, et 80% de l’empreinte carbone d’un jeu est due à sa fabrication. Rest in Peace est le premier jeu éco-conçu par Blue Cocker et ce toutou ami de la nature espère bien continuer à produire de manière plus responsable et respectueuse de l’environnement.

Je pourrais me contenter d’une ligne pour vous donner cette information. Mais cela en ferait une caractéristique parmi tant d’autres, un élément anecdotique et ce n’est pas le cas. On vend encore du kilo-plastique dans de nombreux jeux et le secteur ludique produit énormément et doit prendre en compte les enjeux écologiques.

Rest in Peace est fabriqué dans la nouvelle usine écologique de Fabryka Kart, en Pologne, bâtie exclusivement grâce à des fournisseurs locaux afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre liés au transport. Celle-ci exploite 70 à 80% d’énergies renouvelables : elle est équipée de pompes à chaleur et de panneaux photovoltaïques pour produire la majeure partie de son électricité et le reste de l’énergie nécessaire provient de sources écologiques grâce à un accord avec le fournisseur local. Elle récupère également l’eau de pluie pour les sanitaires. Le papier provient de forêts FSC et l’entreprise propose également un éco-papier fabriqué à base d’herbe. Les nombreuses feuilles utilisées pour le calage des machines sont recyclées. Les encres, les vernis et les colles sont entièrement biodégrables, dépourvues de substances chimiques. Enfin, le film enveloppant le jeu est une cellophane également biodégradable : si Blue Cocker a envisagé de le supprimer au profit d’une pastille, la solution a été abandonnée car plus polluante à cause de la surcouche de vernis imposée par ce choix.

Je prends le temps de développer pour montrer combien la transition écologique se fait dans les moindres détails. Le consommateur pourrait légitimement croire à un surcoût très important pour un jeu produit de cette façon : pour RIP, vendu 15 euros, le prix de cet effort pour l’environnement est d’environ 1,20 euros, soit même pas 10% du coût total…

On admirait l’engagement de Bioviva et Opla pour l’environnement. Il faudra désormais compter aussi avec le chien bleu et on espère, avec beaucoup d’autres par la suite. En effet, c’est aussi parce qu’il commence à y avoir une offre de production écologique que des jeux eco-friendly peuvent exister. Le chemin sera sans doute encore long mais en plus de l’investissement de Blue Cocker, il faut saluer aussi leur communication sur la production de Rest in Peace qui apparaît comme un encouragement à emprunter la même voie.

Des revenantes au sommet

Au-delà de l’écologie, Rest in Peace traduit aussi l’engagement de Blue Cocker pour la représentativité et la lutte contre les stéréotypes de genre. On n’est pas surpris puisque le chien bleu nous a habitués à inverser les rôles imposés par la société patriarcale depuis Welcome avec sa cheffe de chantier et son assistant. On retrouve l’écriture inclusive dans les règles avec un encart mettant en évidence ce choix qui aurait pu passer inaperçu, ce qui en fait une vraie prise de position. Pour respecter ces valeurs, les cartes sont équitablement réparties entre les deux sexes mais les personnages féminins sont finalement plus nombreux grâce à la présence des jumelles, sans doute pour prendre le contre-pied des représentations habituelles. De la même manière, les cartes 6, les plus fortes du jeu, ont été associées à des femmes qui prennent donc le statut de cheffe de famille : leur représentation joue d’ailleurs avec les clichés de genre puisque la revenante bleue porte un haut-de-forme et une canne pommeau qui a longtemps été un accessoire essentiellement masculin symbole de puissance nobiliaire et de virilité. Quant à la revenante verte, on pourra noter qu’elle « mène la barque ». Son illustration emprunte beaucoup aux peintures du XIXème siècle mais la rame n’est pas nonchalamment posée comme c’est souvent le cas sur ces tableaux, elle est tenue par le personnage. Les femmes apparaissent donc comme des pièces maîtresses du jeu.

La bataille fantôme

Ghost stories ?

Rest in Peace vend l’histoire de familles de fantômes rivales dont la haine inextinguible les pousse à s’affronter encore et encore. Disons-le tout de suite : le thème vient habiller la mécanique mais est parfaitement remplaçable. Le gameplay est à l’origine du projet et cela se sent, comme dans beaucoup de jeux combinatoires ; l’éditeur lui-même communique sur ce point puisqu’il a évoqué dans un des derniers « Quoi de neuf chez Blue Cocker » sur les réseaux sociaux, les différents thèmes envisagés et proposés par Anne Heidsieck, l’illustratrice.

On reconnaîtra alors qu’on ne se sent pas fantômes en jouant à Rest in Peace. Néanmoins, le thème a été exploité, que ce soit dans la direction artistique, mais aussi dans l’écriture des règles et la terminologie utilisée, de telle sorte que l’équipe arrive à proposer, non une vraie histoire mais une atmosphère tout à fait réussie. Elle vient éclairer le fonctionnement mécanique de Rest in Peace jusque dans le choix des personnages, peu menaçants pour les cartes de plus petite valeur mais inquiétants pour les plus puissants : le concours d’épouvante vient donner tout son sens au système d’enchères.

C’est évidemment avec les illustrations d’Anne Heidsieck que le thème spectral est mis en valeur. Le style général nous plonge dans une ambiance victorienne gothique, qu’on situerait volontiers au XVIIIème ou au XIXème siècle : on pense tout de suite au romantisme noir ou aux nouvelles fantastiques anglaises et américaines friandes de châteaux hantés. On retrouve les symboles habituellement attachés aux fantômes un peu partout sur le matériel : le manoir de la couverture est encadré par deux cimetières aux arbres morts, les squelettes côtoient la chauve-souris vampirique ou le serpent maléfique, les yeux sont caves ou étincelants mais privés de toute humanité, les esprits affichent un sourire angoissant. Il y a un peu de sang, de têtes coupées, d’entrailles… mais ce qui a particulièrement attiré mon attention, c’est l’éclectisme des représentations et des références dans les dessins d’Anne Heidsieck. Les poncifs du genre horrifique sont bien là mais ils gagnent en richesse grâce aux multiples influences que l’on perçoit, qui vont du pur cinéma d’horreur avec Shining ou Nosferatu, aux récits folkloriques comme la légende de Sweeny Todd, en passant par la pop culture puisque certains pourront y voir aussi des clins d’œil à Harry Potter ou aux films de Tim Burton comme les Noces Funèbres, Sleepy Hollow ou Beetlejuice. Cette diversité donne au jeu toute sa saveur et contribue à son ciblage puisque Rest in Peace reste un jeu familial, accessible à partir de huit ans, et les fantômes ne vous épouvanteront pas… pas trop en tout cas : les partis-pris graphiques empêcheront quand même de l’envisager comme un jeu enfant puisque le thème aurait pu s’y prêter.

Cependant, le thème le mieux exploité du jeu n’est pas celui des fantômes mais celui de l’affrontement, sans doute car c’est sur le duel que repose la mécanique. L’opposition, la symétrie aussi puisqu’on se bat, au moins au départ, à armes égales, font partie de l’ADN de Rest in Peace et c’est ce qui saute le plus aux yeux. Les deux familles se répondent et se complètent : la famille verte est squelettique alors que la famille bleue est plus vaporeuse et souvent plus en rondeur. Leurs cimetières sur la boîte sont à leur image, très austère à droite, plus démonstratif à gauche. Chacune a son propre code couleur mais pourtant, des correspondances sont souvent faites entre les personnages pour vous inviter à les comparer. Les cartes 1 montrent ainsi les animaux des deux familles, chien pour la bleue, chat pour la verte. Les cartes de niveau 2 montrent une vieille femme et un vieil homme en plein service : si la gouvernante bleue vous sert le thé, le majordome vert vous propose au menu du vin et… sa tête ! Les cartes de niveau 3 vous feront reconstituer un couple et celles de niveau 4 représentent des enfants : deux filles avec une poupée cassée en deux chez les bleus, un garçon avec deux jouets chez les verts. On s’amuse à les comparer et tout montre à la fois leur conflit mais aussi leurs points communs puisque seules leurs ambitions les séparent réellement.

L’effort pour cultiver le thème choisi est donc tout à fait louable et fonctionne, au moins graphiquement. On apportera toutefois un petit bémol pour les cartes médiums : le verso respecte complètement l’ambiance avec la représentation d’une table de spiritisme sur laquelle les six lumières renvoient aux six membres de la famille ; mais le recto décrit le pouvoir du médium au moyen d’une iconographie peu immersive. Pour éviter de mettre du texte sur les cartes, l’éditeur a opté pour des symboles expliquant l’action de la carte : l’aspect pratique l’a emporté sur le thème pour faciliter l’expérience de jeu.

Vanité des vanités

En conservant la thématique de l’affrontement ou de la compétition, Rest in Peace aurait pu parler de beaucoup de choses mais les fantômes confèrent au jeu une certaine universalité. Certes, les revenants et les demeures qu’ils vont hanter feront peut-être surgir dans vos esprits des images de châteaux écossais perdus dans le brouillard, mais l’équipe tenait à ne pas rattacher les familles à un espace spécifique, raison pour laquelle elles ne sont pas nommées. J’avoue avoir été au départ un peu déçue sur ce point : j’aurais aimé un background plus développé et jouer la famille « bleue » ne m’aidait pas à rentrer dans le thème. Toutefois, les fantômes permettent d’aborder le rapport de l’humain à la mort et à son existence fragile et il aurait été dommage de le réduire à une histoire particulière.

La riche idée du jeu est d’associer le thème de la mort à celui de l’aristocratie. En effet, les vêtements et accessoires des personnages témoignent de leur appartenance à la noblesse – mention spéciale aux petits nœuds des animaux de compagnie – de même que le personnel associé à la famille. Les grands de ce monde, en devenant esprits, semblent moins glorieux avec leurs habits d’apparat, surannés, en lambeaux. J’aime beaucoup l’idée de représenter les portraits des membres de la famille de leur vivant au dos des cartes pour mieux faire ressortir cette déchéance. Pourtant, ils n’ont rien perdu de leur superbe car ils aspirent toujours à posséder davantage. Rest in Peace exprime ainsi parfaitement l’idée de la vanité : l’orgueil de l’Homme a d’autant moins de sens que tout ce qu’il croit avoir est en fait illusoire car éphémère à cause de sa mortalité. 

Le thème choisi se prête bien à traiter ce sujet mais les illustrations d’Anne Heidsieck accentuent cet aspect en se référant parfois aux vanités picturales : le crâne lui-même est un motif fréquent dans ces tableaux, de même que la bougie puisque la flamme vacillante évoque la fragilité de la vie humaine. Quelques cartes rappellent le genre de la nature morte par la présence de fleurs (fanées d’ailleurs pour le fiancé où elles représentent aussi l’amour perdu) ou de vin. Les fantômes continuent à agir comme s’ils étaient vivants, à tenter de boire et de se nourrir, pour ignorer la mort, mais ces petits détails la rappellent cruellement. Tous jouent le jeu de la faucheuse, même alors qu’ils prétendent se divertir, à commencer par ce petit garçon chez les verts qui s’amuse avec un yoyo d’une main et une corde à sauter de l’autre. L’extrémité de la corde est à terre et c’est par un nœud coulant que s’achève l’illusion d’éternité.

Morts… de rire

Tout cela semble bien sérieux… Mais le sémillant cocker propose avec Rest in Peace un jeu aussi fort léger grâce à l’humour omniprésent qui caractérise la plupart de ses réalisations. Évidemment, c’est ici un humour noir ! La boîte annonce la couleur puisque la présentation de l’équipe prend la forme d’épitaphes. Celles-ci sont pleines d’autodérision sur la place de RIP dans la carrière de l’auteur et de l’illustratrice et elles se paient aussi le luxe de jeux de mots plus ou moins recherchés qui vous arracheront un sourire. Le comique repose aussi sur l’écriture de la règle avec les noms donnés aux cartes médiums qui vont de la blague potache (« Tata, es-tu là ? », « esprit cultu(ur)iste » ou encore « on a échangé nos demeures ») à la référence littéraire à Dickens (« Fantôme de Noël à venir », emprunté à Un Chant de Noël qui inspirera notamment Disney et son drôle de Noël de Scrooge) en passant par des tacles politiques (« la trêve des conjureurs » qui rappellera la trêve des confiseurs, autrement dit la pause hivernale des députés et sénateurs). Bravo d’ailleurs à Benoît Turpin qui s’est occupé de la traduction en anglais avec quelques belles trouvailles, notamment le médium « acro-bats » !

Les familles ne sont pas en reste avec le majordome qui a perdu la tête mais continue à vous la servir sur un plateau ou encore la gouvernante et sa pelote de laine, pelote fort étrange faite de boyaux, parfaits pour amuser les chats. Anne Heidsieck continue à proposer des clins d’œil à l’éditeur car, comme elle l’avait fait dans Welcome, elle inclut un cocker dans la famille bleue (forcément !).

Par ailleurs, même si Rest in Peace est loin de proposer une expérience narrative comme on l’a dit, on sent que l’équipe a su se raconter des histoires ou, du moins, nous en inspirer par les correspondances entre les familles. Les poissons rongés par le chat vert sont bleus et le cocker bleu tient dans sa gueule un bras vert. D’ailleurs, des fantômes de chats accompagnent la grand-mère bleue : victimes abattues chez l’ennemi ? On imagine les différents temps forts du conflit entre les deux clans et les raisons des inimitiés : le fiancé bleu semble beaucoup plus abattu que la mariée verte comme si celle-ci lui avait brisé le cœur. On a même l’impression de déceler une préférence de l’éditeur pour la team bleue, sans grande surprise !

Enfin, puisque le chien est un animal sociable, il vous propose de rire avec lui sur les réseaux sociaux sur lesquels il vous demande d’inventer des noms et épitaphes pour les personnages présents sur les cartes, ce qui s’avère souvent très amusant.

Duels d’esprits

Mais au fait, comment on joue ? Cliquez pour découvrir la règle

Je vous invite pour cela à regarder la vidéo préparée par Blue Cocker, limpide pour comprendre les mécanismes du jeu :

Vidéo-règle

Contrôle ou possession ?

Dans l’expression « Duel d’Esprits » mise en exergue au dos de la boîte, le double sens n’échappera à personne. Ce sont, sur les cartes, des fantômes qui s’affrontent mais ils répondront aux ordres de deux joueurs confrontant leurs stratégies. On pense alors immédiatement aux jeux abstraits comme les échecs, les dames ou le jeu de go, dans lesquels on trouve presque systématiquement cette configuration de duel. Celle-ci offre effectivement une maîtrise plus importante du jeu : c’est un face à face, la diplomatie inhérente aux jeux qui réunissent plus de monde n’intervient pas. Pour autant, tout jeu à deux n’est pas un jeu abstrait – et cela, mécaniquement parlant, indépendamment de la question du thème – car cela exige une absence totale de hasard. Or, nombreux sont les jeux de duels reposant sur un tirage de cartes ou des lancers de dés : l’aléatoire génère de l’adrénaline et les joueurs se sentent égaux face au jeu. Rest in Peace, tout en mettant en avant sa dimension tactique, propose un système de pioche susceptible d’induire une dose de hasard. Qu’en est-il vraiment ?

Sans être un jeu complètement abstrait, malgré les cartes, le premier jeu de Fabien Gridel est très combinatoire. Les règles sont extrêmement simples à comprendre, expliquées en 5 minutes mais préparez-vous à faire fumer vos cerveaux ! Chaque joueur possède bien son propre paquet de cartes dans lequel il va piocher au fur et à mesure de la partie, mais les decks sont rigoureusement identiques et chacun en connait la composition. Votre connaissance de la main de l’autre sera par conséquent certes incomplète pendant les premières manches mais se précisera rapidement puisque, sauf exceptions liées à une carte médium, les cartes jouées restent en place, visibles, et ne pourront pas être récupérées. D’autre part, la mise en place affiche lisiblement tous les enjeux de la partie puisque les jetons manoirs et châteaux sont positionnés et les cartes médiums sont placées côté recto pour être consultées. Ainsi, vous serez amenés à planifier vos actions sur plusieurs tours parfois, en calculant aussi les cartes qu’il vous reste et celles disponibles pour votre adversaire pour vous assurer la victoire sur telle ou telle demeure.

J’aime ce genre de jeux où il faut anticiper, prévoir les actions de l’autre et évaluer les possibilités. Mais ce qui m’a séduit dans Rest in Peace, c’est aussi que c’est un jeu très humain. L’intérêt va être évidemment dans la réflexion et dans la stratégie que l’on va essayer de mener à bien, mais celle-ci peut être contrariée à tout moment car on va travailler à mettre la pression sur l’autre – et la subir à notre tour. Vous vous êtes fixé l’objectif de remporter cette manche ? Soit, mais si l’autre accumule les cartes en face, vous hésiterez à « payer » par peur de vous retrouver démuni pour les autres manches car vous avez beau estimer ce que votre adversaire a encore en main, sauf si vous êtes en toute fin de partie, vous ne pouvez pas en avoir l’assurance absolue. On se retrouve souvent dans une guerre de nerfs où on se dit de part et d’autre qu’on a trop engagé pour abandonner mais il faudra bien un perdant ! Rest in Peace fait monter la tension tout au long de la partie, notamment grâce à la dixième manche qui le dépouille en partie de sa dimension calculatoire. En effet, les perdants de chaque manche ont la possibilité s’ils le souhaitent de glisser une carte, face cachée cette fois, dans cette dernière manche décisive, qui permet de mettre fin aux éventuels statu quo : cela ne rajoute pas de hasard à proprement parler mais une inconnue tout à fait savoureuse, qui vient tromper nos calculs sur les cartes restantes de l’adversaire. Cette incertitude va pimenter la partie puisque face à un joueur ayant investi la dixième manche, on sera partagé entre l’envie d’utiliser ses cartes les plus fortes pour remporter le plus de manches possibles et arrêter la partie avant la fin ou de les placer dans cette dernière colonne en vue de remporter l’ultime combat. On peut alors faire intervenir une petite part de bluff pour pousser l’autre à la faute car la moindre erreur s’avère souvent fatale !

Le malin est dans la boîte !

En voyant la mise en place de Rest in Peace, on tique un peu à cause d’une impression de déjà-vu. Ce combat en duel à base de cartes, couronnant celui qui remporte le plus de manches ou le premier à réussir une certaine combinaison (obtenir quatre manoirs sur les six disponibles ou trois châteaux sur les quatre présents dans le jeu), m’a fait immédiatement penser à l’excellent Schotten Totten de Reiner Knizia paru chez Iello, petit chef-d’œuvre de jeu à deux, et je pense que je ne serai pas la seule à faire le rapprochement. Néanmoins, outre le côté moins hasardeux de RIP lié à la répartition des cartes, les sensations de jeu sont très différentes et Fabien Gridel a imaginé un jeu beaucoup plus malin qu’il n’y paraît au premier coup d’œil.

On croit tout d’abord qu’il faut remporter des batailles dans ce jeu. Ce n’est pas le cas et le dos de la boîte vous le dit bien mais il est vrai qu’on tend à l’oublier pendant les premières parties : il faut remporter les bonnes batailles, et savoir faire retraite au bon moment. La première raison est évidente. Vos armées ne sont pas illimitées et les conditions de victoire vous invitent à vous concentrer sur un type de demeures, tout en empêchant l’adversaire de rafler celles dont il a besoin pour gagner. Néanmoins, le plus gros piège de Rest in Peace se cache dans les cartes médiums. Le perdant d’une manche obtient deux compensations : la première, nous l’avons déjà évoqué, est de pouvoir poser une carte dans la dernière manche ; la deuxième est de récupérer la carte médium de la manche en cours. Fabien Gridel semble ici réutiliser une astuce mécanique bien connue, qui est celle de la boucle de rétroaction négative. Derrière ce gros mot, il y a l’idée inverse du « win-to-win » qui veut que le joueur en tête au début de la partie va creuser l’écart avec ses adversaires et est plus susceptible de gagner que les autres. Pour contrer cet effet, la boucle de rétroaction négative consiste, pour schématiser, à désavantager le joueur « gagnant » en renforçant le ou les challengers. Autrement dit, cela agit comme un frein pour équilibrer la partie. Quand on découvre les cartes médiums de Rest in Peace, on se dit que nous avons affaire à ce type de compensations qui relancent la tension.

Mais non. On se rend assez vite compte que les cartes médiums ne peuvent pas être réduites à de simples compensations pour remonter la pente : elles sont au cœur de la mécanique de Rest in Peace. Pour gagner, il faudra souvent perdre pour obtenir ces cartes très puissantes, qui renforcent votre famille de fantômes et contribuent à la pression mise à l’adversaire car vous pourrez jouer les médiums obtenus quand vous le voulez – y compris dans cette fameuse dixième manche. On se retrouve donc dans des situations où notre objectif n’est plus de gagner mais de perdre la manche pour mettre la main sur un médium puissant. Cela peut même générer des stratégies à moyen et à long terme puisque les neuf médiums en jeu sont connus dès le début de la partie. Comme le joueur qui remporte une manche est le premier à jouer dans la suivante, on peut même se donner l’objectif de gagner une manche, non parce que la demeure à gagner est essentielle pour nous à ce stade du jeu, mais pour pouvoir abandonner immédiatement celle d’après et rallier le médium tant désiré. On réévalue donc rapidement la place de ces cartes spéciales qui ne sont pas des accessoires mais les réels enjeux de Rest in Peace. On notera d’ailleurs que celles-ci ne se valent pas du tout : le déséquilibre saute aux yeux et est voulu car il va créer des synergies, puisque les deux adversaires repèreront vite la ou les cartes à ne pas laisser passer alors que perdre une manche pour bénéficier d’un médium médiocre sera ouvertement contre-productif. C’est fin et cette mécanique supplémentaire donne toute son épaisseur au jeu. En lisant le livret de règles, vous découvrirez que le jeu propose 29 cartes médiums, avec chacune leurs effets particuliers, ce qui est énorme. Si l’on pense tout d’abord à une façon de booster la rejouabilité, on se rend vite compte que cette diversité est essentielle car ce sont les différentes combinaisons qui vont impacter votre façon de jouer.

Un autre atout de Rest in Peace est son travail autour de la temporalité (quoi de plus adapté dans un jeu de fantômes ?). La très bonne idée de Fabien Gridel a été de construire les manches de manière linéaire, ce qui donne un rythme particulier au jeu car les demeures sont hantées dans un certain ordre et la deuxième moitié de la partie cristallise les tensions car chacun va essayer à la fois de brusquer la fin de partie en récupérant le dernier jeton dont il a besoin et de temporiser pour que l’autre n’arrive pas à le faire. La dernière manche est le couperet final et tout le monde n’a pas forcément envie d’y arriver en fonction de ce qu’il y a posé ou non. En outre, cette linéarité et le nombre limité de cartes de chaque deck, dans lequel vous ne piochez d’ailleurs que deux cartes à la fin de chaque manche, va vous pousser à l’économie pour tenir sur le long terme et rendre les enchères encore plus déterminantes.

Un éternel combat ?

Vous l’aurez compris, je trouve que Rest in Peace est un jeu des plus plaisants. Néanmoins, l’enthousiasme peut retomber comme un soufflé lorsqu’on a l’impression d’avoir fait le tour d’un jeu. Les fantômes de RIP ressortiront-ils donc la nuit ou finiront-ils par rester sagement au caveau ?

Tout d’abord, la rejouabilité de Rest in Peace tient dans l’énorme courbe de progression du jeu. Il faut plusieurs parties pour affuter sa compréhension de la mécanique car celle-ci est simple mais profonde. L’équipe du jeu vous accompagne d’ailleurs dans la découverte en proposant des paliers de difficulté. La partie d’initiation vous invite à ne consulter que trois cartes médiums en même temps, celle de la manche en cours et les deux suivantes, pour limiter la planification à long terme et vous laisser traiter les données plus posément. Ensuite, les 29 cartes médiums sont réparties en quatre niveaux : les cartes des niveaux les plus élevés sont parfois plus puissantes (mais ce n’est pas toujours le cas) mais surtout ont des effets plus complexes à appréhender car plus impactants, demandant d’avoir de multiples facteurs à l’esprit. On peut donc prendre le temps de découvrir le jeu et augmenter petit à petit le challenge cérébral. C’est une bonne chose d’autant qu’elle vous permet d’adapter l’accessibilité du jeu : la boîte indique que Rest in Peace peut être joué à partir de huit ans et le premier niveau sera idéal pour confier les fantômes aux enfants… si tant est que vous acceptez de jouer le jeu un peu différemment. En effet, la courbe de progression peut vite creuser un fossé important entre les joueurs expérimentés et les nouveaux joueurs. Il sera de bon ton pour les habitués d’être pédagogues et d’expliquer leurs erreurs aux revenants les plus frais pour les aider à avancer à leur tour. Le jeu peut être très frustrant au début si vous affrontez des esprits chevronnés parce que les stratégies ne sont pas évidentes à appréhender et il faut se confronter à la défaite pour saisir les subtilités de Rest in Peace. En revanche, on tient peut-être là des facettes différentes du jeu : si sa profondeur en fait un jeu très tactique, on peut aussi s’autoriser des parties « à la cool », moins prises de tête grâce à la simplicité des règles.

Dans tous les cas, Rest in Peace est un jeu que vous voudrez déterrer car il est très circonstanciel. Si les fantômes font peur, c’est parce qu’ils sont imprévisibles et ne se cachent pas toujours au même endroit ; de la même manière, les configurations de RIP sont innombrables grâce au tirage des cartes médiums et au placement aléatoire des jetons manoirs et châteaux. Le médium si puissant de la partie précédente peut devenir insignifiant car il arrive trop tard. Les châteaux seront plus difficiles à prendre si l’un d’entre eux est placé sur la dernière manche. Chaque nuit, vous réapprendrez donc à épouvanter.

Conclusion

Je ne pensais pas être surprise par Rest in Peace, et pourtant Fabien Gridel a su déjouer mes attentes : alors que les fantômes cherchent à tout prix à rompre l’équilibre pour faire basculer la situation à leur avantage, Rest in Peace a su, lui, trouver la juste mesure entre accessibilité et profondeur. On retrouve avec plaisir nos esprits pour parfaire nos talents d’épouvanteurs ! On s’attache aussi à nos familles de fantômes, magnifiées par Anne Heidsieck, et aux valeurs véhiculées par le jeu, que ce soit par son thème ou par l’édition elle-même. Discrètement, voici une petite boîte qui s’est glissée durablement dans ma ludothèque pour la hanter et apparaître régulièrement sur ma table de jeu. Bouh ! 

En dehors de la boîte : la vanité à l’épreuve du temps

Un crâne, une fleur dans un vase en verre, un sablier. Le tout posé sur un plan brut devant un fond noir. Le tableau de Philippe de Champaigne, Vanité ou Allégorie de la vie humaine, est peint au début du XVIIème siècle, en pleine période baroque. C’est à cette époque que la vanité comme genre pictural se développe, autour de symboles de la fragilité de la vie humaine. Memento mori, entend-on : souviens toi que tu vas mourir ! Puisque le passage de l’Homme sur terre est éphémère, il doit se détacher de son orgueil et de son désir des biens terrestres, illusions vouées à disparaître, pour se concentrer sur son âme. La vanité est alors un genre profondément théologique, chrétien, et moral : le nom même de « vanité » vient de l’Ancien Testament et notamment de l’Ecclésiaste (« Vanité des vanités, tout est vanité »). Devant ces représentations du temps qui passe et devant la conscience de sa finitude, l’Homme doit méditer sur l’inutilité des plaisirs matériels et se tourner vers Dieu. Néanmoins, au-delà de la dimension religieuse, ce qui est fascinant dans la vanité, c’est qu’elle nous parle finalement moins de la mort elle-même que de la vie et de la nature humaine.

On comprend donc ce que le genre peut avoir d’universel et d’intemporel. Elle surgit surtout dans des temps de crise, d’incertitudes : on la voit réapparaître dans le monde industriel et moderne en réaction au règne du rationalisme mais aussi aux violences du XXème siècle : Cézanne, Van Gogh, puis Picasso et Braque s’emparent du genre. Au fil du temps, la vanité se dépouille de son propos religieux. Le regard porté sur la vie humaine reste pourtant souvent le même puisque les vanités contemporaines mettent en cause le capitalisme triomphant. A l’ère du matérialisme le plus extrême, le propos original de la vanité sur les biens terrestres est toujours aussi valable : l’artiste David Terrazzano reprend par exemple le motif traditionnel du crâne mais recouvre la moitié de celui-ci d’un collage de logos de marques ou autres icônes du capitalisme. Bien avant lui, Andy Warhol revisitait la nature morte avec ses Campbell’s soup et la reproduction en sérigraphie d’objets eux-mêmes reproductibles car industrialisés disait aussi beaucoup sur l’évolution de notre monde. On pourrait encore citer le travail du plasticien Nicolas Rubinstein qui s’empare du personnage de Mickey pour en faire une vanité, critiquant ainsi de manière sous-jacente la culture du divertissement.

Pourtant, la vanité a connu et connait encore des évolutions étonnantes. Il est particulièrement intéressant de noter l’exploitation des motifs de la vanité, comme le crâne, comme symbole d’une forme de rébellion vis-à-vis du système dans les mouvements gothique, punk ou rock. Empreinte d’un certain mysticisme, la tête de mort est maintenant souvent plus associée… à l’enfer qu’à Dieu ! Néanmoins, l’icône contestataire est aussi dévoyée puisque le crâne s’affiche alors sur des produits de consommation, au point de devenir dans certains cas, lorsque les marques s’en emparent, « modes » ou « glamour ». Lorsque Dior crée en 2018 sa collection de bijoux « tête de mort », on peut se demander où est passée la dimension contestatrice. En revanche, c’est paradoxalement dans ce cas qu’on illustre le mieux l’idée originale de la vanité dans ce qu’elle révèle des aspirations humaines et de l’attachement à l’objet. On finit par « consommer » la vanité, et c’est peut-être en perdant le plus la démarche première moralisatrice qu’on la remet en avant. Que dire en effet de l’œuvre du très controversé Damien Hirst, For the Love of God, réplique d’un véritable crâne humain acheté par l’artiste et incrustée de 8 601 diamants ? Critique de la société de consommation ? Mépris de la mort ? Signe de révolte ou au contraire complaisance esthétique ? Si l’on y voit la satire du matérialisme dans une œuvre vendue ensuite plusieurs millions de dollars aux enchères, on touche sans doute là à l’expression la plus frappante de la vanité humaine.

Sources et sites consultés pour cet article :

Site de l’éditeur Blue Cocker :
https://bluecocker.com/
Pages Facebook et Instagram de Blue Cocker (où vous trouverez notamment la rubrique « Quoi de neuf chez Blue Cocker » pour suivre les actualités et les dessous de la création) :
https://www.facebook.com/bluecockergames/?ref=page_internal
https://www.instagram.com/bluecockergames/
Article présentant la nouvelle usine écologique de Frabryka Kart en Pologne :
https://www.fabryka-kart.eu/fr/ekofabryka-wielkie-otwarcie-nowej-inwestycji-fabryki-kart/
Vidéo de présentation de l’usine écologique de Fabryka Kart :
https://www.youtube.com/watch?v=fnpccriS5fE
Quelques articles sur la progression des ventes de jeu de société en 2020 :
https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/nouvelle-eco-quand-le-covid-fait-exploser-les-ventes-de-jeux-de-societe-1607182805
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/dijon/le-covid-19-et-ses-consequences-ont-dope-les-ventes-de-jeux-de-societe-en-2020-1939828.html
https://www.lunion.fr/id215782/article/2020-12-15/les-jeux-de-societe-ont-dame-le-pion-au-covid-en-2020
Pour le « En dehors de la boîte » :
Quelques ressources sur la vanité :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanit%C3%A9
https://www.paris-art.com/vanites-contemporaines/
https://pba.lille.fr/index.php/content/download/2173/17528/file/Vanit%C3%A9s.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%AAte_de_mort#Religions_et_croyances
Sur l’œuvre de David Terrazzano
https://mrmondialisation.org/malbouffe-capitalisme-consommation/
Entretien avec Nicolas Rubinstein :
http://www.artravelmagazine.com/nicolas-rubinstein/
Damien Hirst, For the Love of God (page wikipedia ; je vous invite à faire une simple recherche google sur cette œuvre pour mesurer l’ampleur et la diversité des réactions) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/For_the_Love_of_God_(Hirst)

Je fais partie des programmes d’affiliation de Ludum et de Philibert. Si vous n’avez pas de boutique ludique près de chez vous et que vous souhaitez commander sur l’un de ces sites tout en soutenant le blog, vous pouvez cliquer sur ces images pour y accéder :

30 réflexions au sujet de « Rest in Peace : les morts ont la vie dure »

  1. Merci pour cette review très intéressante et complète 😍
    Je suis vraiment séduite par ce jeu 😍 la mécanique le design le thème , et bravo à eux pour la production écolo 👏
    J’espère qu’il rejoindra très vite notre ludothèque 😁

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    1. Encore un jeu qu’il va nous falloir ici alors je le sens. Ça donne bien envie tout ça. En plus, le design des cartes m’attire beaucoup.
      C’est typiquement le genre de petit jeu qui pourrait être souvent sorti ici.

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  2. Bravo et merci pour cet article complet qui suscite l’envie de se plonger dans le jeu ! Avec en plus le concours Instagram, je serais ravi de gagner ce jeu avec un univers de fantôme que j’apprécie tout particulièrement ! Mon pseudo Instagram : se_bass76

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