La fin du monde est proche. Nous en sommes maintenant certains : des astéroïdes s’apprêtent à percuter la Terre et à anéantir la vie. Mais cette catastrophe ne doit pas sonner le glas de l’humanité – elle ne le sonnera pas ! Grâce à l’Alliance Humaine, des hommes et des femmes coloniseront la Lune qui deviendra ainsi le refuge des humas. Ensemble, nous pouvons accomplir de grandes choses. Ensemble, nous pouvons sauvegarder notre espèce et préparer un avenir meilleur. Êtes-vous prêt à embarquer à bord de la capsule Blue Cocker ?
Souvenez-vous de ce charmant petit quartier construit avec amour dans les années 50. Vous aviez arboré une rue de parcs verdoyants dans lesquels les promeneurs aimaient passer du temps. Un peu plus loin, les villas se paraient de piscines pour le plus grand plaisir des familles. Un véritable havre de paix… qui vous avait surtout permis d’écraser les autres constructeurs ! En 2018, Benoît Turpin créait Welcome to your perfect home, un flip and write complètement addictif, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en trois ans, l’auteur n’a pas chômé, dotant son premier opus de nombreuses extensions, toutes plus loufoques les unes que les autres – Welcome to la petite mort, par exemple, réalisée en partenariat avec les Lumberjacks, vous proposait de marquer des points en assassinant les habitants de vos lotissements. L’an dernier, la gamme « Welcome to » s’était même étoffée avec l’arrivée d’un standalone plus « expert », Welcome to New Las Vegas. L’équipe de Blue Cocker aurait pu s’arrêter là mais elle tenait à finir l’aventure en beauté en offrant à sa saga un final en apothéose : troquez vos habits d’architecte contre une combinaison d’astronaute car vous partez dans l’espace ! Pour Welcome to the moon, Benoît Turpin s’est associé avec Alexis Allard pour vous faire voyager dans le cosmos à travers huit feuilles de score différentes. Grande nouveauté de cet ultime volet, le jeu inclut un mode « campagne ». Le projet paraît aussi excitant qu’ambitieux : comment dès lors concilier une narration forte et la mécanique bien connue de la série ? C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans Welcome to the moon, enchaînant les parties à la vitesse de la lumière…
1 à 6 joueurs – 25 minutes – A partir de 10 ans – Prix de vente conseillé 38 euros – Sortie prévue en octobre 2021
Un prototype du jeu m’a été envoyé par Blue Cocker. Merci à eux pour leur confiance.

Décollage !
Assemblage et préparation de la fusée
Welcome to the moon vous racontera des histoires. Comme un livre, la couverture de la boîte du jeu vous appelle et en dit déjà long sur le projet de l’équipe artistique. Elle conte tout d’abord l’aventure « Welcome », clôturant à merveille la série par ses clins d’œil aux autres opus. Deux astronautes se tiennent sur le sol lunaire, sur la gauche de l’image, à l’instar de l’architecte et de son assistant du premier volet. Un dôme s’esquisse dans le vide spatial, renvoyant aux croquis de quartiers et de casinos de Welcome to your perfect home et Welcome to New Las Vegas. Les couleurs passées et le titre néon se marient totalement à l’esthétique rétro de la gamme. La construction du dessin d’Anne Heidsieck répond à celle des deux autres boîtes mais derrière l’unité visuelle de la trilogie, on perçoit aussi des différences et l’histoire de Moon émerge, se distinguant de ses prédécesseurs. Le propos est plus grave puisque le jeu abordera la question de la survie de l’humanité et la couverture montre parfaitement la tension entre espoir et pessimisme, que l’on retrouvera dans la campagne : l’un des astronautes désigne une chose du doigt. S’agit-il du plan du futur bâtiment, symbole de la renaissance des Hommes, ou de la Terre qui apparaît au loin, bombardée par les astéroïdes et perdue à jamais ? Pour la première fois sur les couvertures de Welcome, les personnages ne se regardent pas, comme pour souligner la difficulté de coopérer, même lorsque la situation la plus extrême l’impose. Cependant, la lumière presque centrale, émise par un petit rover, nous invite à garder foi en l’avenir. En regardant la couverture, nous faisons nos premiers pas dans le jeu.

Continuons donc d’avancer. A l’intérieur, les contours de la boîte sont décorés de cratères lunaires mais aussi et surtout des présentations des auteurs et de l’illustratrice. C’est maintenant une habitude chez Blue Cocker mais je ne saurais trop dire combien je trouve l’idée bienvenue, puisqu’elle met à l’honneur les créateurs du jeu, pas forcément connus du grand public. Un côté est aussi consacré à dix « fun facts » spatiaux pour célébrer le dixième jeu du chien toulousain : j’apprécie toujours ce genre de petits détails qui mettent en valeur le thème choisi tout en nous instruisant.
Le matériel, important pour une expédition dans l’espace, est abondant : la boîte, presque deux fois plus épaisse que celle du premier Welcome, est complètement remplie. Vous découvrirez d’abord les feuilles de score. Contrairement aux jeux précédents qui offraient un bloc de feuilles jetables – avec la possibilité d’investir dans des recharges ou de télécharger sur le site les fichiers –, Welcome to the moon contient des feuilles plastifiées, illustrées recto-verso pour contenir chacune deux étapes de l’aventure. Il aurait évidemment été difficile de conserver le format papier puisque le jeu propose huit feuilles différentes mais cela limite donc forcément le nombre de joueurs : on peut toutefois imaginer que regrouper plusieurs boîtes pallierait ce problème puisque rien dans la mécanique ne l’empêche vraiment. Du reste, la qualité de la plastification est très bonne et les marqueurs fournis s’effacent bien – on regrettera peut-être seulement l’absence d’un outil pour effacer… à vous de sortir vos chiffons lavables ! Par ailleurs, les feuilles sont toutes très lisibles : on s’approprie vite l’iconographie et l’espace de score est bien dissocié de l’espace de marque.

Les cartes sont au cœur du système mécanique de Welcome : il y en a ici plus de deux cents, de facture tout à fait honorable. Si l’on n’est pas étonné de trouver des cartes « vaisseau » porteuses d’actions et de numéros à inscrire sur les feuilles, des cartes missions et des cartes adversaires solos – déjà présentes dans Welcome to New Las Vegas, mais cette fois plastifiées et effaçables –, on regarde avec intérêt un épais paquet de cartes « campagne » dont la consultation est au début interdite… Afin de savoir quelle carte intégrer dans le jeu au fur et à mesure de l’histoire, elles ont toutes été marquées d’un numéro d’identification et j’ai trouvé ce système très pratique. Toutes ces cartes trouveront leur place dans un rangement prévu à cet effet : je ne me prononcerai pas sur la qualité de celui-ci car le prototype que j’ai reçu présentait un insert cartonné provisoire, qui devait être amélioré.
Welcome to the moon est affiché à un prix public de 38 euros : s’il est plus cher que les autres jeux de la gamme, il est aussi plus complet, ne serait-ce que du point de vue du matériel.
Calcul de la trajectoire
Le dernier né de Blue Cocker contient, non pas un, mais deux livrets. Le premier, orné de l’image de couverture, comporte les règles qui, je dois l’avouer, m’ont un peu perdue au départ. Le préambule général sur les actions me semble dispensable puisque le détail est fourni dans chaque aventure et est alors beaucoup plus clair. En outre, la règle manque à mon sens d’exemples de tours de jeu, pour rendre plus accessible les spécificités de chaque feuille. Elle présente une image légendée de l’aventure, pour que l’on voit comment apparaît telle ou telle action dans le marquage, et parfois, une illustration vient éclairer un point de scoring : tout cela aide à se repérer, mais j’ai été quelquefois en difficulté dans l’enchaînement des actions et des illustrations étape par étape m’auraient aidée à maîtriser plus rapidement la mécanique de certaines feuilles, tout en levant des doutes. On finit par s’en sortir, surtout en ayant joué aux autres Welcome, mais cela demande un temps de rodage.

Le deuxième livret fourni est le livret de campagne. Le sortir de la boîte, c’est tout de suite plonger dans l’univers narratif de ce Welcome to the moon, puisqu’il se présente comme un dossier confidentiel, marqué d’un tampon nous en interdisant la lecture pour l’instant. Le noir et blanc donne un côté rétro, et la touche de couleur des feuilles accrochées par un trombone le renforce en nous rappelant les cartes de Welcome to your perfect home qui se déroulait dans les années 50. Anne Heidsieck représente sur cette première page une fusée décollant vers la lune, dans un dessin stylisé et poétique. C’est une vraie réussite esthétique ! D’ailleurs, le seul petit reproche que je ferai à ce livret est l’absence d’illustrations à l’intérieur. Cela peut se comprendre pour ne pas gâcher la surprise, mais que voulez-vous, je suis gourmande ! L’histoire est organisée en 187 paragraphes numérotés, chacun d’entre eux vous invitant à aller en lire un autre, souvent en suivant un principe d’histoire dont vous êtes le héros : vous devrez choisir entre plusieurs propositions qui vont faire bifurquer l’intrigue. Tout est très clair, et il est facile de suivre sa progression, puisque le livret vous rappelle régulièrement de sauvegarder votre campagne en notant le numéro du dernier chapitre lu. Au dos, vous pouvez aussi enregistrer vos scores dans un tableau mais celui-ci est surtout indicatif, là pour vous rappeler les éléments à noter, puisqu’il n’est conçu que pour une seule campagne (si vous le souhaitez, vous pouvez quand même télécharger le tableau pour en faire des copies).
Les deux livrets sont imprimés sur un papier glacé, agréable à manipuler, et résistant dans le temps.
Lancement
Mais au fait, comment on joue ? Cliquez pour découvrir la règle
Présenter les règles de Welcome to the moon sans divulgacher toutes les feuilles est délicat. Je me contenterai donc de vous donner les grandes lignes de la mécanique, sans entrer dans les détails.
Mécanique générale
Dans Welcome to the moon, les cartes avec lesquelles vous jouerez seront divisées en trois paquets : à chaque tour, les cartes du haut des paquets sont retournées pour en révéler de nouvelles. Celles qui viennent d’être retournées se placent en regard de leur pioche d’origine. Les joueurs choisissent alors une combinaison de deux cartes placées vis-à-vis l’une de l’autre : la carte du dessus du paquet comporte un numéro, la carte retournée une action.
Ils appliquent alors la combinaison choisie en inscrivant le numéro dans une des cases de la feuille de marque, en respectant l’ordre de placement : la plupart du temps, il s’agit de respecter un ordre croissant dans la numérotation des lignes, de gauche à droite, mais les contraintes peuvent être plus fortes suivant les aventures que vous jouerez. Ensuite, les joueurs peuvent choisir d’appliquer l’action associée.
Grâce aux actions, vous pourrez stocker de l’eau, faire pousser des plantes nécessaires aux réserves vitales, activer des robots, allumer des moteurs, valider des cases supplémentaires… Les possibilités varient d’une aventure à l’autre et les règles de chaque feuille expliquera ses spécificités.
A chaque partie, des objectifs seront définis, rapportant des points aux joueurs qui les complèteront.
Des bonus de points seront accordés aux joueurs les plus rapides à valider des objectifs ou des zones de jeu.
La partie s’achève lorsqu’un joueur a rempli toutes les cases de sa feuille, a coché toutes ses « erreurs système » (qu’il devra cocher lorsqu’il ne peut inscrire de numéro nulle part) ou a rempli les trois missions. D’autres conditions de fin de partie pourront s’ajouter à celles-ci en fonction des aventures.
Le vainqueur de la partie est celui qui a obtenu le plus de points de victoire sur la feuille en cours.
Principes de la campagne
Welcome to the moon peut se jouer de deux manières. Un mode « normal » est proposé : dans celui-ci, vous choisissez de jouer les feuilles indépendamment les unes des autres. Le jeu comporte aussi un mode « campagne ». Dans ce mode, vous jouerez tour à tour sur chacune des huit feuilles de jeu.
La campagne s’appuie sur un livret joint à la boîte : le livret de campagne. Il vous guidera dans votre exploration du jeu tout en vous racontant une histoire. Lisez le paragraphe du début de campagne et suivez les instructions dans la mise en place de la première partie et des suivantes. Vous aurez parfois des choix à faire, qui vous amèneront à lire tel ou tel paragraphe. A la fin de la partie, vous devez enregistrer votre progression en notant le chapitre en cours pour mieux le retrouver, et enregistrer les étoiles du vainqueur. Le nombre d’étoiles obtenu dépend de l’aventure jouée. Le vainqueur de la campagne sera celui qui a accumulé le plus d’étoiles au fil des parties.
Une campagne, c’est-à-dire un ensemble de huit parties, ne suffit pas à terminer l’histoire de Welcome to the moon : vous y reviendrez donc pour débloquer toute l’intrigue. Ce faisant, vous débloquerez aussi des évolutions mécaniques, avec des règles alternatives notamment et du matériel supplémentaire.
Mode solo
Dans ce mode, vous affrontez l’un des membres d’ASTRA. ASTRA compte 8 membres que vous pourrez affronter tour à tour. Chaque adversaire ASTRA dispose de sa carte solo indiquant son niveau mais aussi sa façon de marquer des points contre vous. A cette carte ASTRA, vous joindrez à chaque partie une carte spéciale correspondant à votre aventure et rajoutant du scoring à ASTRA.
Dans ce mode solo, vous ne jouerez plus avec des combinaisons de cartes numéro-action placées en regard l’une de l’autre : vous tirerez à chaque tour trois cartes du haut du paquet de cartes « vaisseau ». Sur ces trois cartes, vous sélectionnerez deux cartes pour vous, une pour son numéro, une pour son action, et donnerez la dernière à ASTRA. L’adversaire marquera des points en fonction des cartes que vous lui avez laissées.
Trois cartes ASTRA, « A », « B » et « C » seront glissées dans le paquet. Elles permettront à votre adversaire de valider des objectifs et de vous empêcher d’obtenir des bonus. A l’inverse, si vous obtenez des bonus – dépendants de l’aventure que vous jouez – vous aurez un avantage sur ASTRA.
A la fin de la partie, vous comparerez votre score et celui d’ASTRA pour déterminer le vainqueur. Si vous jouez en mode « campagne », vous ferez évoluer le niveau de votre adversaire à la hausse ou à la baisse en fonction du résultat de cette partie. ASTRA marque également des étoiles de campagne et peut donc remporter la campagne.
Welcome to your perfect home brillait par sa sobriété : simple et efficace, il s’adressait à tous, sans manquer pour autant de profondeur. Welcome to New Las Vegas était beaucoup plus exigeant. Qu’en est-il pour cette version lunaire ?
Au-delà des règles pour lesquelles j’ai émis quelques réserves plus haut, Welcome to the moon se veut accessible, à l’image du premier opus. Pourtant, les dernières feuilles proposent un challenge un peu plus élevé.
Alexis Allard et Benoît Turpin ont créé un jeu évolutif, notamment dans son gameplay. Les huit feuilles ne sont pas seulement les supports de l’histoire de la campagne : elles permettent de gravir lentement mais sûrement des échelons de difficulté. Ainsi, dans la première aventure, vous ne jouerez pas avec les actions des cartes, celles-ci se contentant de limiter vos possibilités de placement de numéros : cela en fait une feuille très abordable, plus, même, que Welcome to your perfect home, mais pas inintéressante pour autant, loin de là ! Au fur et à mesure des aventures, les contraintes se renforcent et imposent une plus grande planification. La dernière aventure vous oblige à jouer sur deux tableaux à la fois en vous confrontant directement à vos adversaires. Le jeu vous accompagne dans la maîtrise des mécaniques par cette succession d’aventures, si bien que le cap à franchir ne semble jamais insurmontable, malgré la complexité croissante. D’ailleurs, l’appréhension des règles m’a paru de plus en plus rapide, puisque les premières feuilles préparent le terrain pour les suivantes.

La progressivité de Welcome to the moon est un réel atout puisqu’elle permet aussi de s’adresser à tous. Les « 10 ans » sur la boîte sont indicatifs et la première feuille est jouable à mon sens avec des enfants plus jeunes. Le mode normal vous invite en effet à piocher dans les huit propositions d’aventures celle qui vous tente et vous pourrez donc choisir celle qui convient le plus à votre groupe de joueurs, celle que vous préférez ou tout simplement varier en fonction de vos envies.
Objectif Lune
Des étoiles plein les yeux
Si la thématisation de Welcome to the moon fonctionne immédiatement, c’est tout d’abord grâce aux superbes illustrations d’Anne Heidsieck qui nous plongent dans l’épopée spatiale imaginée par Benoit Turpin et Alexis Allard.

Donner une identité propre à chaque des feuilles de cette version évolutive était une gageure : il fallait à la fois rendre l’aventure immédiatement identifiable, éviter l’ennui qui aurait résulté d’une succession de paysages lunaires trop similaires et magnifier la mécanique spécifique du jeu. Le pari est pour moi amplement réussi : l’univers visuel de Welcome to the moon est riche, diversifié et narratif. Anne Heidsieck jongle avec les ambiances esthétiques : les teintes chaudes du décollage, presqu’apocalyptiques, laissent place à un vide spatial bleu, irradié par la lumière de la Terre ou à la froideur grise du régolithe. On alterne des espaces intérieurs parfois oppressants, et des espaces extérieurs montrant l’immensité de l’espace. De plus, l’illustratrice nous raconte déjà une histoire avec le positionnement des cases ou la forme qu’elle leur donne : ainsi, elles sont dans la première feuille limitées à l’espace intérieur de la fusée représentée, et elles prennent tantôt l’apparence de fauteuils, tantôt celles de réservoirs, puisqu’on va remplir le vaisseau de personnes et de ressources nécessaires au voyage vers la Lune. La troisième aventure, quant à elle, parle de l’établissement de la colonie et c’est justement la seule dans laquelle on a vraiment l’impression de retrouver des « rues » et des « avenues » comme un schéma urbain. L’intrigue se retrouve aussi dans les détails glissés dans l’image pour faire référence à l’aventure qui précède et à celle qui suit : la quatrième aventure, par exemple, montre l’exploitation de la lune, mais une parabole dessinée à gauche rappelle celles qui ont été installées sur la troisième feuille pour observer le ciel profond ; à droite, on voit un vaisseau transporter le toit des tours qui seront mises en place sur la prochaine feuille. Enfin, Anne Heidsieck s’est amusée à intégrer des easter eggs de science-fiction sur chaque dessin : saurez-vous les trouver tous ?

Cette immersion se retrouve aussi dans les cartes du jeu. Les cartes « vaisseau » qui comportent les numéros et les actions sont joliment illustrées : le recto numéroté donne l’impression d’être à l’intérieur d’un véhicule spatial, par la fenêtre duquel vous apercevrez différents objets célestes : là une nébuleuse, là Jupiter, là encore le Soleil. Au verso, l’action est représentée mais j’ai aimé les petits détails qui font qu’on dépasse l’iconographie purement pratique : chaque symbole apparaît scanné sur un écran sous lequel on trouve un poste de contrôle ; or, le graphe du tableau de bord et les touches enfoncées sur le clavier varient pour chaque action, comme si on venait de l’activer manuellement. Un rappel de l’univers scientifique apparaît également sur les cartes « objectif », ornées en haut d’une feuille de calcul, avec un plan de fusée et des mesures. C’est toutefois sur les cartes « solo » que j’ai été le plus impressionnée par la minutie d’Anne Heidsieck, qui s’est inspirée de photos d’archives d’astronautes et d’ingénieurs pour donner un visage à vos adversaires.


On se laisse d’autant plus absorber par l’histoire que l’iconographie pourtant abondante est intelligemment intégrée aux images. Le scoring est tantôt complètement séparé du reste de l’illustration, tantôt inséré dans celle-ci quand cela fait sens (à l’intérieur d’usines dans la feuille 4 notamment). Les symboles sont aussi mis placés en situation de manière à mettre en valeur l’action : pour vous rappeler d’utiliser l’action « robot » pour construire un dôme, des petits robots sont dessinés s’affairant à cette tâche. On ne croule pas sous les pictogrammes, sauf peut-être sur la dernière feuille, mais ceci s’explique par la nature même de la mécanique de l’aventure.
Le space-opéra des flip and write
C’est sans doute dans ce Welcome que j’ai le plus senti l’influence du thème choisi, pas seulement dans les images, mais aussi dans l’écriture.

Celle-ci se caractérise par une volonté de donner une crédibilité scientifique à l’histoire. La règle prend systématiquement le temps d’expliquer l’origine de l’action : vous utiliserez l’action d’eau pour brasser les réservoirs, l’énergie sert à corriger une trajectoire, les robots acheminent le matériel. Pour chacune des feuilles, les justifications varient et même si vous ne jouez pas en campagne, elles feront sens puisque la règle présente aussi un encart de quelques lignes résumant l’histoire liée à l’aventure sélectionnée. En outre, on sent que l’équipe s’est renseignée sur les enjeux de la conquête lunaire : l’installation de paraboles sur la lune pour observer le ciel profond renvoie en effet à l’une des raisons pour laquelle on cherche à s’installer sur notre satellite (je vous en dis plus dans le « En dehors de la boîte » si cela vous intéresse), La mine fait écho aux projets d’exploitation du sol lunaire, même si on n’espère pas forcément y trouver des perles et des joyaux… Welcome to the moon offre aussi plusieurs références aux missions Apollo, à commencer par une représentation sur une carte du train lunaire avec le module lunaire, le module de contrôle et le module de service utilisé par le programme américain. Les adversaires solos sont nommés d’après des scientifiques et des astronautes. Vous pourrez par exemple affronter « Alexei » (Alexei Leonov, premier homme à avoir réalisé une sortie extra-véhiculaire), « Katherine » (Katherine Johnson, pionnière de la conquête spatiale qui a calculé les trajectoires, fenêtres de lancement et plans d’urgence du programme Mercury) ou, évidemment, « Thomas » (l’inénarrable Thomas Pesquet).

Cependant, Welcome to the moon s’inscrit clairement dans la science-fiction et multiplie d’ailleurs les clins d’œil au cinéma de genre, aux séries et à la littérature. Les plus passionnés d’entre vous reconnaîtront sans mal le dalek tiré de Doctor Who, présent sur la première feuille. Un chat regarde curieusement sur une carte la créature d’Alien 2. Sans vouloir trop en dire pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, sachez que vous pourrez partir à la chasse aux allusions à Star Wars, Star Trek, Battlestar Galactica, 2001 l’odyssée de l’espace, Firefly… Elles sont présentes dans les illustrations mais aussi dans les textes de la campagne, dont les noms des personnages vont jusqu’à reprendre celui d’acteurs de ces œuvres iconiques.`
Au-delà de références ponctuelles, on sent aussi que l’histoire de Welcome to the moon est nourrie par la science-fiction, reprenant des classiques comme la rencontre avec les extraterrestres, les failles temporelles, les batailles dans l’espace. Les auteurs jouent admirablement avec les codes pour proposer une intrigue dense et intéressante.
Le premier chien (bleu) dans l’espace
Welcome to the moon emprunte peut-être à d’autres œuvres mais, pas de doute, c’est bien un jeu Blue Cocker ! Le traitement du thème porte la signature de l’éditeur et j’ai été séduite par les partis-pris dans l’histoire et dans le choix des représentations.
Tout d’abord, on connait désormais l’engagement du chien bleu pour la représentativité des femmes dans le jeu de société. La règle est par conséquent écrite en langage inclusif, comme c’est le cas depuis le premier volet de la gamme Welcome, mais j’ai aussi aimé le fait que la parité soit respectée dans les adversaires du solo, rappelant parallèlement qu’il faut aussi compter sur les femmes dans le domaine spatial. L’une des cartes, « Stéphanie » (Stéphanie Diana Wilson), représente par exemple le programme Artémis, regroupant 9 femmes astronautes pressenties pour être les premières femmes sur la Lune.

Par ailleurs, même si le sujet est grave, l’humour de Blue Cocker vient alléger l’histoire. On notera déjà que l’équipe aime se mettre en scène et cette fois-ci, ce n’est pas une chienne bâtarde russe comme Laïka qui part dans l’espace, mais un charmant… cocker. Ce ne sera d’ailleurs pas le seul clin d’œil fait à l’éditeur. L’écriture oscille aussi, dans la campagne, entre dramatique et burlesque, jouant sur la caricature, le pastiche télévisuel ou encore des petites références purement ludiques (quelque chose me dit que ceux qui apprécient certains youtubeurs-vendeurs toulousains pourraient esquisser un sourire à la lecture d’un chapitre). Alexis Allard et Benoît nous racontent « juste » la fin du monde, alors un peu de dérision ne fait de mal à personne !
A l’inverse, le discours peut se faire très engagé, quand il s’agit d’aborder la nature humaine. Vous devez sauver l’humanité, mais celle-ci mérite-t-elle vraiment d’être sauvée ? Le jeu porte parfois un regard désabusé sur l’Homme, assoiffé de profit personnel, guidé par le « moi d’abord » jusque dans les protocoles. Pourtant, il met aussi ce constat terrible en contraste avec l’espoir d’un avenir meilleur, marqué par la coopération internationale et le souci de l’autre. J’ai trouvé le propos très juste et très ancré aussi dans la société contemporaine. L’ambiguïté qui réside dans cette tension entre cynisme et idéalisme empêche tout dogmatisme même si elle révèle un certain positionnement idéologique de l’éditeur : il laisse la main au joueur, les laisse maîtres de leurs conclusions sur cette étonnante épopée.
Vers l’infini et l’au-delà ?
Welcome to the moon, dans son mode campagne, nous fait passer par plusieurs émotions. Lorsque j’ai fait pour la première fois la campagne, j’ai eu le plaisir de voir les textes me guider d’une aventure à l’autre en contextualisant chaque étape. J’ai découvert une écriture à choix, à la manière des livres dont vous êtes le héros, me posant une question au début de chaque aventure : la réponse allait déterminer les missions à accomplir et leur donner du sens. J’ai trouvé cela sympathique… Mais ce n’est qu’une fois arrivée au bout des huit premières parties et donc de la première campagne que j’ai pris la mesure de ce qui m’attendait en termes de narration. Ce n’était que le début.
En effet, l’histoire de Welcome to the moon se déroule sur plusieurs campagnes successives et pour connaître l’épilogue, il faudra persévérer et reprendre vos huit aventures plusieurs fois. Or, l’histoire enregistre votre progression petit à petit et elle va s’étoffer au fil des campagnes. La narration prend de plus en plus de place et on finit par se prendre au jeu de ce que Benoît Turpin et Alexis Allard nous racontent, en se disant qu’on enchaînerait bien une autre partie pour savoir ce qui se passe au chapitre suivant.

Surtout, en arrivant à la fin de la grande histoire, on se rend compte qu’on n’a qu’entre-aperçu tout le contenu narratif, puisque des choix nous ont fait bifurquer. On n’a alors qu’une seule envie : rejouer pour tenter de prendre d’autres embranchements ! Je craignais que la campagne ne soit qu’un bonus et qu’une fois faite, je me contente de reprendre les feuilles de manière indépendante, mais ce ne fut pas du tout le cas : elle est pour moi l’une des sources de rejouabilité de Welcome to the moon.
Si je devais être un peu tatillonne, je dirais toutefois que j’ai pu regretter ponctuellement la linéarité de l’intrigue. Les choix sont bien là mais j’aurais aimé que certaines parties aient, spécifiquement, des conséquences à plus long terme : l’issue de la partie dépend parfois de la réussite des objectifs de mission, et je pense qu’il aurait été intéressant, en cas d’échecs, de subir des contrecoups plus importants par la suite. Par ailleurs, au sein de l’histoire principale, il aurait peut-être été possible, grâce à l’un des rebondissements narratifs, de varier le rythme des campagnes, en revoyant l’ordre des feuilles ou en en supprimant certaines. Mais l’histoire est déjà tellement généreuse ! L’intrigue a réellement su m’emporter – et c’est sans doute parce qu’elle me restait en tête que ces idées me sont venues – et il vous faudra de très nombreuses parties pour en faire le tour.
Un moteur optimisé pour l’exploration spatiale
Des missions toujours différentes
D’un point de vue mécanique, ce dernier volet de la trilogie Welcome avait la lourde charge de se réinventer, d’autant plus qu’il annonçait huit feuilles différentes. Alexis Allard et Benoît Turpin reprennent naturellement ce qui faisait l’essence de la saga, que nous avions découverte avec Welcome to new perfect home, et ceux qui ont joué à l’un ou l’autre des jeux précédents ne seront pas dépaysés dans la mesure où la mécanique d’association d’une carte-numéro et d’une carte-action est la même et où certaines actions pourront être comparées à celles qui étaient déjà présentes dans les prédécesseurs de Moon (l’astronaute a notamment le même pouvoir que l’intérimaire).
Néanmoins, Welcome to the moon apporte aussi beaucoup de fraîcheur et nous donne le sentiment de jouer à Welcome… mais pas vraiment. Chaque aventure a ses spécificités et celles-ci deviennent le moteur du jeu. Alors que les mini-extensions apportaient un petit twist qui influençait un élément de scoring et les objectifs, dans Moon, les ajustements de règles vous obligent à penser totalement différemment.

On a des mécaniques beaucoup plus variées dans cette nouvelle version : le système de points de victoire est parfois remplacé par une course ; les combos font leur apparition sur certaines feuilles et constituent de très bonnes sources de scoring ; des parties entières de la feuille sont quelquefois bloquées et ce sera à vous de les déverrouiller au fur à mesure. Les contraintes de placement prennent de plus en plus d’ampleur. Vous aurez aussi sur certaines feuilles une plus grande liberté stratégique puisque vous pourrez vous permettre d’abandonner dès le départ totalement une voie de marquage de points pour en valoriser d’autres. La dernière feuille, sans vous en dévoiler le contenu trop précisément, est particulièrement originale puisque vous devrez… la partager.
De fait, je n’ai pas senti de redite entre Welcome to the moon et ses aînés, et j’ai trouvé que chaque aventure venait avec sa dynamique propre. J’ai bien entendu mes préférences mais la plupart des feuilles m’ont plu. Pour moi, seule la quatrième est un peu en-dessous en termes d’inventivité mais je la joue quand même avec plaisir puisque j’y retrouve ce qui me plaisait dans le premier Welcome. Dans tous les cas, ne craignez pas la lassitude car Welcome to the moon présente vraiment huit flip and write en un !
La guerre des étoiles
Il a souvent été reproché aux premiers Welcome, comme à beaucoup de paper and pencil d’ailleurs, leur manque d’interaction. Chacun remplissait sa petite grille dans son coin, ignorant les autres sauf pour surveiller l’accomplissement des objectifs.
Dans Welcome to the moon, l’interactivité a été renforcée, même si elle reste souvent légère. Sur la majorité des feuilles, des zones ont été créées qu’il vous faudra compléter plus vite que les autres pour avoir un bonus de points ou un meilleur multiplicateur. On reste dans le même esprit que ce qui se faisait avec les objectifs – et qui existe encore, le premier à valider une mission gagne le maximum de points et les autres ne pourront obtenir que le pallier suivant –, mais cet aspect est démultiplié et commence à peser dans la balance des points. On surveille donc de plus près ses adversaires pour les prendre de court ou réorienter notre stratégie si on voit qu’un bonus semble perdu d’avance.

Trois des huit feuilles vont toutefois plus loin dans l’interactivité, ce qui pourrait satisfaire les amateurs de petites méchancetés. Dans l’une d’elle, vous pourrez si vous êtes assez rapide infliger une « erreur système » à vos adversaires ce qui les affaiblira. Dans la deuxième, des effets négatifs peuvent être déclenchés et le faire vous-même vous permet de vous en protéger tout en exposant les autres à son application. La dernière met en place un affrontement direct avec vos voisins et celui-ci impactera tout le système de points.

La compétition se fait donc plus féroce et cela se ressent encore plus dans le mode campagne puisque le vainqueur ne sera déterminé qu’à la fin. Chaque feuille offre un certain nombre d’étoiles à ceux qui ont terminé en première, deuxième ou troisième position, mais ce nombre va croissant au fur et à mesure des aventures, ce qui fait qu’il est toujours possible de rattraper son retard.
Qu’on se le dise, les Welcome n’ont jamais été des war games et ce n’est pas avec Moon que cela changera, mais les modifications qui ont été faites participent agréablement à la diversité des parties.
Seul(e) dans l’espace
On connaissait Alexis Allard pour ses modes solos des précédents opus. Il est cette fois-ci complètement aux manettes de la navette spatiale Welcome to the moon avec Benoit Turpin, mais il s’est encore occupé plus particulièrement du solo dans lequel vous affronterez l’agence spatiale privée ASTRA (Astral Space Technology & Robots by Alexis Inc.).

Celle-ci compte huit membres de différents niveaux que vous pourrez défier. Dans ce mode, vous choisirez toujours deux cartes par tour et laisserez la troisième à votre adversaire. Or, celui-ci aura ses préférences : il pourra marquer 2 points par carte robot récupérée… ou 6. Vous devez donc réfléchir à ce qui vous intéresse tout en faisant attention à ne pas engraisser trop l’industrie rivale. J’avais déjà beaucoup apprécié cette façon de jouer dans Welcome to New Las Vegas, et je trouve qu’elle fonctionne toujours aussi bien. On a envie de se frotter à chaque membre d’ASTRA en haussant la difficulté, et il vous faudra de nombreuses parties avant d’avoir triomphé de tous ces adversaires sur toutes les aventures.

Comme je le disais, Welcome to the moon rajoute un peu d’interaction par rapport à ses prédécesseurs : le mode solo le prend en compte en jouant notamment sur les bonus de zone. Les déverrouiller suffisamment vite vous donnera un avantage sur ASTRA. En revanche, le tirage des cartes ASTRA « A », « B » et « C » bloquera non seulement le premier niveau des objectifs mais aussi les meilleurs bonus de zone. Il n’y a bien que sur la dernière feuille, la plus interactive, qu’ASTRA peine un peu à remplacer un vrai concurrent. Elle vous gênera, sans nul doute, mais l’aléa du tirage sera plus important puisque la carte attribuée à l’automa vous sera imposée. On vous propose de la contrer en vous laissant la possibilité de la sélectionner à votre tour, mais je trouve que la pioche oriente quand même plus l’issue de la partie.
J’ai beaucoup joué à Welcome to the moon en solo et je dois dire que j’apprécie particulièrement cette configuration qui me permet de jouer vite et d’enchaîner les parties ! A noter que la campagne prend totalement en compte ce mode de jeu en ajoutant des précisions de règles à destination des solistes.
Découvrir les confins de l’univers

L’ensemble des mécaniques mises en place dans Welcome to the moon est très plaisant et on y retourne volontiers pour explorer les possibilités de chacune des feuilles. Pour les huit aventures, le jeu inclut six cartes objectifs différents et vous n’en tirerez que trois, ce qui crée aussi quelques combinaisons qui changeront le visage de vos parties…

Cependant, en faisant la campagne, vous découvrirez la face cachée de Moon. Non contente de vous raconter une histoire, elle regorge aussi de petites surprises mécaniques. On vous incitera enfin à piocher dans ce paquet de cartes énigmatique aperçu dans le déballage du matériel, pour récupérer par exemple un nouvel objectif. Le jeu va modifier ses propres règles, ajouter de nouveaux éléments, faire intervenir des événements qui modifieront le cours de la partie. J’ai fait à ce jour une quarantaine de parties de Welcome to the moon, et je suis loin d’avoir débloqué toutes les cartes du paquet campagne : c’est dire le potentiel de rejouabilité du jeu si vous voulez expérimenter toutes les petites variantes !
Conclusion
Nul n’aurait pu prédire que l’aventure Welcome nous emmènerait si loin et si haut. Quel final ! Avec Welcome to the moon, la saga phare de Blue Cocker arrive à son apogée. S’il reprend la mécanique efficace et maligne de ses aînés, cet opus la transcende en l’intégrant à un univers riche et immersif. Grâce à ses huit aventures, le jeu brille par sa diversité et sa profondeur. J’ai été totalement emportée par l’histoire et les surprises qu’elle nous réserve et, en lisant l’épilogue à l’issue de plusieurs campagnes, alors même que je prenais conscience de tout ce que le Welcome to the moon cachait encore, j’ai eu le sentiment d’avoir joué à un grand jeu, qui éclipse même dans mon cœur le premier volet de la trilogie que j’avais tant aimé. Une vraie étoile ludique !
En dehors de la boîte : De la Terre à la Lune
Cette partie de l’article a été réalisée avec l’aide de Cédric, ingénieur aérospatial. Merci pour toutes ces informations.
En 1969, l’Homme faisait ses premiers pas sur la Lune. En l’espace de trois ans, douze hommes se sont succédés sur le sol lunaire. Depuis, personne n’a reproduit cet exploit. Les États-Unis ont annoncé en 2019 leur intention d’y retourner, à l’horizon 2024. Cette reconquête de la Lune apparaît comme un enjeu majeur de l’exploration spatiale.
Même si la NASA prévoit dans un premier temps de courtes missions habitées, articulées autour d’objectifs ciblés, on espère pouvoir un jour installer des bases permanentes au pôle sud de la Lune dans la perspective d’aller ensuite plus loin, vers Mars. En effet, elles permettraient de nous entraîner aux différents aspects du voyage vers la planète rouge : il s’agirait d’apprendre à construire et entretenir un habitat mais aussi à gérer les activités sur place, les risques, les situations d’urgence en autonomie. En outre, des séjours prolongés d’astronautes sur notre satellite nous aideraient à appréhender le comportement humain vis-à-vis de l’éloignement de la Terre, encore mal connu des agences spatiales. On s’attend par ailleurs à trouver de l’eau, sous forme de glace, au pôle sud, ce qui garantirait la survie des astronautes mais également la production de carburant, constitué d’hydrogène et d’oxygène, pour les fusées : la Lune pourrait alors accueillir un port spatial, ouvert sur Mars. Enfin, la face cachée de la Lune intéresse de près les astronomes puisqu’y installer des télescopes et radiotélescopes permettrait de faire des observations à l’abri de la pollution électromagnétique terrestre.
A quoi ressembleraient ces bases, premières formes d’habitat sur la Lune ? Peut-on imaginer de grandes tours, à l’image de ce que propose Welcome to the moon ? On pense plutôt à ensevelir les bases sous le sol lunaire. En effet, une couche de régolithe serait nécessaire pour nous protéger des radiations puisqu’en dehors du champ magnétique de la Terre, nous serions exposés aux rayonnements alpha et gamma générés par le Soleil et provenant de l’espace profond. De surcroît, les météorites ne sont pas arrêtées par une atmosphère et tombent en nombre sur la Lune, et il faut donc s’enterrer pour se préserver de toute collision.
Aujourd’hui, il nous manque encore un certain nombre de briques technologiques pour aller au bout de ce projet : comment fabriquer les habitats, gérer l’énergie ? Tout doit être testé par des robots ou des missions courtes avant d’envisager une installation permanente. Le futur Lunar Gateway de la NASA, une station spatiale en orbite autour de la Lune, a justement pour objectif de servir d’avant-poste scientifique, logistique et technique pour faciliter les missions à destination de la surface. Encore faut-il pouvoir financer toutes ces actions : le coût d’accès à l’espace reste un réel frein. Le SLS, lanceur que la NASA prévoit d’utiliser dans le cadre du programme Artemis en 2024, coûtera environ 4 milliards d’euros par lancement et il faudra sans doute plusieurs dizaines de lancements pour établir une base permanente sur la Lune.
Toutefois, un espoir se profile actuellement du côté des lanceurs privés, avec le Starship de SpaceX ou le New Glenn de Blue Origin, qui rendent l’espace plus accessible. A défaut de nous permettre de nous y installer maintenant, ils nous aident en tout cas à nous en approcher… pour les vacances ? Mercredi 15 avril, une fusée Falcon 9 affrétée par SpaceX envoyait les tout premiers touristes dans l’espace. La Lune semble alors n’avoir jamais été aussi près.
Sources et sites consultés pour cet article (clic !)
Site de Blue Cocker : https://bluecocker.comPage Instagram de Blue Cocker (vous y trouverez les actualités de l’éditeur mais aussi des petites vidéos sur le développement de Welcome to the moon) : https://www.instagram.com/bluecockergames/
Page Instagram de l’illustratrice Anne Heidsieck (avec des croquis et de sublimes lithographies du jeu) : https://www.instagram.com/anneheidsieck/
Canapé Blue Cocker autour de Welcome to the moon, sur la chaîne Un Monde de Jeux : https://www.youtube.com/watch?v=ClD7HzVen7w
Pour le « En dehors de la boîte », si vous souhaitez en savoir plus, nous vous invitons à consulter les chaînes youtube d’Hugo Lisoir et du Journal de l’Espace, qui traitent de l’actualité spatiale, et celle de Stardust si vous voulez en apprendre davantage sur les missions Apollo.
Je fais partie des programmes d’affiliation de Ludum et de Philibert. Si vous n’avez pas de boutique ludique près de chez vous et que vous souhaitez commander sur l’un de ces sites tout en soutenant le blog, vous pouvez cliquer sur ces images pour y accéder :
Merci pour ce long article très détaillé (j’avoue avoir sauté certaines zones pour ne pas me faire trop divulgâcher le contenu). Je vais commencer à rêver la nuit d’avoir ce jeu-là !
Mine de rien, le champ des possibilités des jeux « Roll/Flip and Write » a un beau potentiel et peut s’adapter aux évolutions ludiques en cours sans mal. La créativité est au rendez-vous, c’est sûr !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup pour ton retour ! Oui c’est compliqué de parler d’un jeu en campagne sans rien divulgacher. J’avais des pages de notes que je n’ai pas utilisées parce qu’il y avait trop de détails précis qui auraient nui au plaisir de la découverte.
Je trouve que ce Welcome révèle bien tous les possibles qu’il peut y avoir autour de cette mécanique et franchement, j’espère voir arriver encore plein de belles choses ! C’est la preuve qu’on peut faire du narratif même si la mécanique ne s’y prête pas a priori.
J’aimeJ’aime
Très bel article sur un jeu qui intrigue autant qu’il fascine. Acheter un jeu n est jamais chose aisée, du moins, pour moi. Cela nécessite de lire, relire, se perdre dans les méandres de la toile pour trouver à qui faire confiance. Chasseur d avis possède aussi bien des contraintes: il nous rend familier d un objet ludique, enlevant parfois le charme de la découverte, faussant ainsi une rencontre qui aurait pu être tout autre. Sans nul doute qu il faille me frotter à l indicible vérité : me faire confiance moi même.
En attendant d en parler à ma psy, je remets mon achat imminent entre vos mains, vous l inconnu qu un lien Google de deuxième page m a fait découvrir. Welcome to the moon !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup pour votre retour ! N’hésitez pas à revenir me dire si le jeu vous a plu après l’avoir effectivement testé 😉
J’aimeJ’aime
Je viens de lire votre article et nous jouons à Welcome to the moon depuis quelques jours.
D’abord très heureux de découvrir un site « écrit » sur le jeu de société (qui plus est bien écrit) ; et puis impressionné par votre regard très affûté (un vrai travail critique) ; reconnaissant enfin pour l’honnêteté et l’argumentation de vos analyses.
Bref, pas mécontent d’avoir découvert votre site qui vient de gagner un aficionado !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup pour votre retour ! Je suis ravie que l’article vous ait plu et j’espère que vous apprécierez les autres. Je ne publie pas très souvent (ça prend pas mal de temps) mais j’ai vraiment à cœur de partager autour des jeux que j’ai aimés.
J’aimeJ’aime